14 octobre 2000 – 14 mars 2001 --> 16 septembre 2001

 

Exposées pour la première fois les céramiques de Bouchard, très peu connues, vont apporter un aspect différent de l'œuvre du sculpteur surtout par des sculptures en bronze ou en pierre.

Henri Bouchard (1875-1960) était avant tout un modeleur, aussi est-il normal qu'il ait essayé très jeune de faire des terres cuites.
Quelques traces sur le "catalogue manuscrit Mougin" révèlent 6 modèles de Bouchard, œuvres de jeunesse créées avant le départ à Rome en 1901, non retrouvées.
Le renseignement est très plausible : les frères Mougin, Joseph (1876-1961) et Pierre (1880-1955), étaient céramistes à Paris jusqu'en 1906 puis se sont installés à Nancy.
Or Joseph Mougin et Bouchard ont été élèves dans l'atelier de Barrias à l'école des Beaux Arts, et plus tard Bouchard fut le professeur de Bernard le fils de Joseph.

Deux œuvres des dernières années du 19è siècle ont été retrouvées.
Ce sont des terres cuites originales modelées dans la masse, œuvres de petites dimensions le Botteleur, et Bacchus assis sur un tonneau daté 1899 et dédicacé à un négociant en bons vins bourguignons.
Ces exemples soulignent son intérêt du moment mais restent cependant sans suite.

 

 
Amazone
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En 1924, pour l'Exposition des Arts décoratifs et industriels de Paris 1925, Bouchard entre en contact avec la Manufacture nationale de Sèvres pour une fontaine commandée pour le jardin placé entre les deux pavillons de la manufacture dans un ensemble du décorateur Henri Rapin.
Placée dans l'axe de l'esplanade des Invalides, côté Seine, cette fontaine était composée de quatre grands bas-reliefs en céramique blanche mais malheureusement elle a disparu en 1944 dans un bombardement de la ville de Lens où elle avait été installée après l'exposition.
Seules les photos permettent son évocation.

L'expérience a été très intéressante.
Deux études sont exposées, l'une en relief et l'autre à la silhouette soulignée par un profond sillon ; cette dernière sera ensuite retenue pour composer la forme définitive des bas-reliefs, au modelé sensible mais peu accentué de jeunes femmes jouant avec un animal dans une stylisation décorative adaptée à ce matériau nouveau pour l'artiste.
Après l'exposition, le directeur de la manufacture Lechevalier-Chevignard demandera des modèles à Bouchard pour les réaliser en grès ou en porcelaine, soit mat en biscuit, soit brillant avec de l'émail. Les contrats ont été signés entre 1928 et 1932, sauf le dernier, un Christ en croix, signé en 1936 mais qui semble être resté peu actif, seul le contrat a été retrouvé mais pas de céramique.


Les animaux dominent en 1928 avec les 3 pièces du surtout de table sur la chasse, le cheval de la Trace perdue accompagné du Sanglier coiffé et du Loup attaqué, le Lévrier, la Gazelle ou l'Anon d'Afrique et le Cheval breton.
Les recherches décoratives typiques des années 20, les lignes droites accusées des muscles (Lévrier) ou des espaces remplis entre les pattes (Lévrier, Gazelle, Anon) montrent l'élan avec lequel Bouchard a répondu au souhait de la manufacture d'éditer des œuvres d'artistes contemporains non céramistes eux-mêmes mais acceptant ce nouveau matériau porté par le courant décoratif sculptural.
Vierge à l'enfant, les Femmes de marin, Bretonne, ou la Trace perdue sont des œuvres moins stylisées.

La Vierge à l'Enfant de la manufacture a été retrouvée en grès rouge ou clair par contre le Christ en croix n'a jamais été retrouvé.

A la même époque Victor Canale réalise en céramique polychrome quelques stations du chemin de croix de Bouchard mais nous n'avons jamais retrouvé toute la série en place.
L'église de Sauchy Lestrée dans le Pas de Calais contient incrusté dans ses murs latéraux la série complète coulée en 1930 par René Lalique en pâte de verre que l'on voit par transparence.

 

Cette exposition d'une trentaine de sculptures en céramique permet de découvrir un aspect nouveau et insolite de l'oeuvre d'Henri Bouchard, qui trouva son apogée autour de 1928. Sa recherche de matériaux différents que d'autres expositions du musée Bouchard avait permis de sentir par le jeu de couleurs nuancées des pierres se retrouve ici à travers le jeu des terres blanches ou diversement colorées et de glaçures variées.